Le 8 mars célèbre la Journée Internationale des Droits des Femmes. En matière d’éducation, cette date est l’occasion de faire un bilan sur les avancées et les efforts à poursuivre quant à la sensibilisation des enfants sur l’égalité des filles et des garçons.
Conscients du chemin qu’il reste à parcourir, le Ministre de l'Éducation nationale et de la jeunesse et la Secrétaire d'Etat en charge de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations ont signé une convention pour l'égalité dans le système éducatif le 28 novembre 2019. Que contient-elle ?
- « La convention interministérielle 2019-2024 met en avant cinq grands axes d'intervention :
- Un pilotage de la politique de l'égalité au plus près des élèves et des étudiants
- La formation de l'ensemble des personnels
- La transmission d'une culture de l'égalité et du respect mutuel
- La lutte contre les violences et cyberviolences sexistes et sexuelles
- Une politique d'orientation en faveur d'une plus grande mixité des filières et métiers »
Malgré tous ces nouveaux outils, existe-t-il encore aujourd’hui à l’école des fragilités concernant l’égalité entre les filles ou les garçons ?
Pour Virginie Houadec, sociologue et inspectrice de l'Education Nationale interrogée par Familles de France, une différence de comportements persiste parfois de la part des adultes à l'école envers les filles et les garçons : il reste des stéréotypes, des prêts-à-penser qui sont plus ou moins inconscients. Les enseignants ne sont pas à l'abri et ne se rendent pas compte qu’ils peuvent parfois avoir un traitement différencié. Par exemple, même si cela reste un comportement minoritaire, elle constate que les garçons seraient parfois davantage interrogés avec des questions qui permettent l’émission d’hypothèses, en revanche les filles seraient plutôt sollicitées pour simplement rappeler la leçon, vue la veille.
La question de l’égalité au niveau de l’Education Nationale est un sujet qui est pris en compte, mais pas assez selon Virginie Hoaudec. Il est vrai qu’il existe aujourd’hui un bel affichage avec des belles propositions, qu’on peut retrouver notamment sur le site de Canopé ou d’Educasol.
Toutefois, les enseignants ont déjà une charge de travail importante et n’ont donc pas toujours le temps d'aller chercher des renseignements sur le sujet, il faudrait des contenus clés en main.
Dans les programmes de l'Education Nationale, un des objectifs pour les enseignants en cycle 3 est de travailler sur l'égalité des droits et de lutter contre les préjugés et les stéréotypes : la volonté est là mais il n'y a parfois pas assez de moyens pour atteindre la finalité initiale.
Sur certaines disciplines, comme en Histoire, il y a un point du programme où on a une approche très précise : sur le cycle 3, l’étude sur le temps des rois permet de présenter des figures féminines importantes comme Aliénor d'Aquitaine ou Catherine de Médicis.
Mais dans d’autres matières en revanche, le programme n’aide pas à mettre en pratique l’objectif sur l’égalité homme/femme : en littérature pour le cycle 3, concernant le chapitre « Héros, Héroïne et personnages », il n’y a quasiment que des héros qui sont proposés au programme et peu d’héroïnes.
Des formations existent pour aider les enseignants à lutter contre les stéréotypes, mais elles restent centrées sur le français et les maths : il faudrait les développer et permettre aux adultes de savoir quel est le bon geste professionnel, d’avoir des stratégies concernant toutes les matières comme dans les cours de sport.
Au final, sur le quotidien de l’enseignant, il n’y a peut-être pas assez d’éléments aidants. Il serait souhaitable que le programme soit plus précis, plus aboutit, dans toutes les disciplines : si cela était fait, un levier important serait actionné car les enseignants sont très soucieux du respect du programme.
En matière de parentalité, il y a de plus en plus d’outils à disposition des familles comme le jeu « zéro cliché » disponible sur le réseau Canopé.
Dans le secteur privé, les éditeurs ont une demande, il y a une appétence sur le sujet de la part des familles (littérature, jeux de société). Les nouveaux parents, qui ont émergé, ont une répartition des tâches ménagères équilibrée et une aspiration identique pour leurs enfants quel que soit leurs sexes.
Selon Geneviève Fraissse, philosophe française de la pensée féministe, « naître homme ou femme ne donne pas les concepts de l’égalité de l’homme et de la femme »: cela demande une réflexion sur les moyens pour y aboutir, réflexion qu’il convient de poursuivre.