« Nous aimons la famille et pour vous le prouver, nous allons réduire les moyens de la politique familiale française de 700 millions d’euros ».
J’ai écris cette phrase il y a un peu plus d’une semaine.
Je n’avais pas imaginé que l’Amour de l’Etat français pour la famille était tel, que 10 jours plus tard de nouvelles propositions de réduction allaient être faites par les parlementaires.
A ce rythme, il n’y aura bientôt plus besoin de Ministre de la Famille. Qu’aurait elle à faire puisqu’il n’y aura plus de politique familiale dans notre pays ?
La nouvelle proposition est portée par l'une des vice-présidentes de l'Assemblée nationale, Laurence Dumont. Elle défend une modulation des allocations familiales en fonction des revenus des ménages, alors que ces prestations reposent aujourd'hui sur le principe d'universalité et ne dépendent donc pas des ressources des familles. En d'autres termes, les familles nombreuses aisées ne toucheraient plus les mêmes montants que les foyers plus modestes.
Instaurées en 1930, les allocations familiales ont été conçues pour soutenir la natalité française. Depuis, toutes les familles perçoivent le même montant d'allocations familiales, indépendamment du niveau de revenu. Une famille modeste touche 290 euros par mois si elle élève trois enfants, autant qu'un couple aisé avec le même nombre d'enfants. Ce principe de politique familiale «universaliste» a un coût. En 2011, les prestations sans conditions de ressources représentaient 47,9 % du total des prestations versées par la branche famille.
Mais au fait, les allocations sont-elles une aide sociale, ou la juste compensation d'une charge ?
L'idée de réduire les allocations familiales des familles aisées séduit ainsi une partie de la gauche. «Je suis député, j'ai un enfant, je trouverais anormal de toucher des allocations familiales», déclare un député PS de l'Essonne.
Par contre, il ne trouve pas anormal le niveau de ses indemnités, et des privilèges dont il dispose.
Aujourd’hui, on a aussi besoin de soutenir la consommation des familles. Et les allocations familiales, sont des montants qui permettent d'élever des enfants dans des conditions un peu meilleures pour les familles ».
Cette remise en cause est ainsi loin de faire l'unanimité. A Familles de France, nous ne partageons pas cette vision, tout comme le Président de l’Union nationale des associations familiales (Unaf), ou encore les présidents des mouvements familiaux qui estiment que «les allocations ne sont pas un revenu complémentaire, mais la juste compensation d'une charge».
«Les allocations familiales ne sont pas distribuées parce que vous avez tel ou tel revenu, mais parce que vous avez des enfants. L'idée c'est d'être une sorte de compensation au coût d'un enfant » soulignent des députés de droite. Bien sûr qu’un enfant est là par amour et par projet familial. Mais il a un coût. Les allocations ont été créées pour cela.
Des allocations mises sous conditions de ressources sont une erreur, car c’est le système redistributif, qui est le rôle de l'impôt, pas du système familial».
Le débat n'est pas nouveau. Mais il revient une nouvelle fois sur la scène, en même temps que les coupes sombres du dernier réajustement des mesures de politique familiale qui se succèdent maintenant à un rythme toujours plus rapide.
Nous sommes bien sûr conscients qu’il faut faire des économies. Faut-il les faire sur ce qui représente l’avenir, et peut-être la dernière chance de la France, ses enfants?
Nous aimerions voir des économies sur le train de vie de l’Etat, et j’aimerai proposer aux Parlementaires d’y participer, en abandonnant leurs privilèges par exemple. Ils pourraient payer leur train, leur téléphone, et lorsqu’ils vont de l’Assemblée ou du Sénat rue Bayard pour s’exprimer à la radio, ils pourraient prendre le métro et laisser la belle limousine et son chauffeur au garage. Eux, qui sont si pointus sur l’égalité entre les individus pourraient ouvrir la voie.
Ce ne serait qu’une goutte d’eau mais nous avons tellement besoin d’avoir des chefs de file exemplaires.
Mais nous aimerions surtout voir de vraies mesures qui tendent à faire repartir l’économie vers le haut, favoriser l’investissement, la consommation des ménages, ou le commerce extérieur. Plus on rabote, l’expression est paraît-il à la mode, plus on tire notre économie vers le bas.
Il ne faudrait pas qu’elle descende si bas qu’elle ne puisse remonter la pente.
La fin de l’universalité de la politique familiale est réclamée par des députés de gauche. En resteront-ils là ? Ou, serons nous bientôt remboursé des dépenses de santé en fonction de nos revenus.
Nous allons avoir beaucoup de travail pour défendre notre système de protection sociale, et notre politique familiale. Qu’en restera t’il dans quelques années ?
Plus nous serons nombreux à réagir, plus nous pourrons sauver quelques mesures.
Rejoignez les associations familiales, rejoignez Familles de France, interpellez vos parlementaires, faites le buzz sur les réseaux sociaux.
La Famille a besoin de nous.
Patrick Chrétien
Président de Familles de France