Pour tenter de relancer l’emploi, le Président de la République propose de réduire considérablement le cout du travail. Pour le faire, il veut programmer la réduction massive, voire la suppression de la participation patronale, à la branche famille de la sécurité sociale.
- Il s’engage cependant à ne pas toucher à la politique familiale, fierté de la France, reconnue dans le monde entier.
- Il s’engage à ne pas augmenter la pression fiscale, voire à la diminuer.
- Il veut aussi faire chuter la dette astronomique de la France.
Voilà posé les inconnues de cet effroyable casse tête mathématique.
Comment l’équipe des fonctionnaires de Bercy va t’elle résoudre cette équation à de nombreuses inconnues? Je suis bien sur dans l’incapacité de les aider, les chiffres que nous connaissons sont élastiques ou interprétés selon les sources avec des écarts importants. Cependant, nous pouvons tenter de raisonner sur le fond.
Le Président de la République propose de récupérer les sommes nécessaires à son projet en réalisant des économies sur le fonctionnement de l’Etat, des fonctions publiques et territoriales. La participation de l’entreprise à la politique familiale représente 35 milliards d’euros chaque année.
En admettant, que la baisse de la dette soit envisagée à 15 milliards d’euros par an, il faut donc réduire les dépenses de 50 milliards d’euros. A ce montant là, nous n’aurons pas réduit la pression fiscale.
Comment faire 50 milliards de réduction des dépenses?
Deux pistes s’ouvrent à nous,
- réduire les investissements et les coûts de fonctionnement,
- ou réduire le nombre de fonctionnaires ou d’agents des collectivités.
Réduire l’investissement serait contre productif, puisque les commandes des collectivités alimentent les carnets de commandes des entreprises qu’il faudrait plutôt faire gonfler. Il faut donc toucher aux hommes et aux femmes.
Admettons que le coût moyen d’un fonctionnaire ou agent des collectivités soit annuellement de 50000 euros, je vous laisse calculer le nombre de postes qu’il faudrait supprimer. Il se compte en plusieurs centaines de milliers. Ces postes supprimés devront être remplacés par des emplois dans les entreprises.
En admettant que les entreprises jouent le jeu, mais une entreprise sérieuse n’embauche que si elle en a besoin, sinon elle court des risques, les postes créés vont peut être absorber ceux qui seront supprimés dans les collectivités. Pour mémoire, lors de la diminution de la TVA dans la restauration, la France n’a jamais vu arriver le nombre de postes qui devaient être créés.
Pourquoi une entreprise créerait un poste dont elle n’a pas besoin ?
Je n’ai pas la moindre prétention d’être un économiste, et sans doute que mon raisonnement est imprécis mais il montre les limites de la proposition Présidentielle en situation de quasi récession. Le raisonnement serait viable dans un pays en pleine expansion si toutes les assiettes sur lesquelles reposent les cotisations ou impositions étaient élargies par l’expansion économique.
Il faut donc craindre dans cette proposition qui va contraindre les moyens de notre politique familiale, un effritement progressif et un basculement vers une politique sociale.
De plus, la parité, principe fondamental de la gouvernance de système répartiteur, aujourd’hui à la CNAF, n’aura plus de raison d’exister. L’action sociale des CAF, l’un de nos principaux moyens d’existence, qui nous permet de nous mettre au service des familles, va t’elle continuer à assurer un soutien ? Que vont devenir UNAF, UDAF, fond spécial et mouvements familiaux ?
Attention aussi, à notre protection sociale globale, car on peut aussi réduire les dépenses publiques en réduisant considérablement l’offre de soins, ou encore en transposant une partie de son coût vers la protection privée (assurances et mutuelles) on peut aussi toucher au système de retraite en réduisant encore plus son rendement.
On pourrait d’ailleurs voir un saupoudrage de mesures qui pourraient, mises bout à bout, permettre de trouver tant bien que mal les sommes nécessaires, mais qui pourraient petit à petit nous faire perdre nos acquis familiaux et sociaux qui ont fait la grandeur de la France, et qui ont permis au cours de l’histoire récente d’amortir les chocs économiques.
Nous devons être vigilants, écouter attentivement les propositions, les analyser, en comprendre les risques et faire les contre propositions qui s’imposent. Nous devons être forts, unis, rassemblés avec les autres mouvements et l’UNAF.
Patrick CHRETIEN, Président de Familles de France