Afin d’éviter les situations de violence et de harcèlement à l’école, il est utile de prendre le problème bien en amont : la culture du respect, de l’empathie, de l’acceptation de la différence et de la communication non violente est à transmettre aux enfants dès le plus jeune âge. Il est de la responsabilité de tous les acteurs de l’éducation de mettre en place des outils d’apprentissage de ces valeurs, de façon accessible à tous les enfants.
La médiation par les pairs peut être un vecteur d’apaisement du climat scolaire, en permettant à chaque élève de se sentir écouté lorsqu’il souhaite exprimer ses émotions, et de résoudre des conflits naissants afin d’enrayer la violence dans les cours de récréation.
De plus en plus d’établissement scolaires sont dotés d’élèves médiateurs, volontaires et formés, ils interviennent régulièrement en recevant les élèves en conflit au cas par cas.
Le principe de la médiation est simple : un tiers, neutre et impartial, propose un temps d’échanges confidentiels aux personnes qui ont un différent.
Quelles sont les étapes d’une médiation ?
- Le Quoi
Le médiateur écoute la version de chacun, en la présence de l’autre. La narration de l’histoire telle que ressentie par les différentes personnes parties au conflit, permet déjà une première étape importante : l’écoute de ce que l’autre a vécu. C’est un peu comme si on devait « chausser les lunettes de l’autre ».
Sarah et Jules sont en classe de 6ème. Ils étaient amis mais ils se sont disputés. Lors de la médiation, Sarah va expliquer qu’elle a été blessée que Jules ne la choisisse pas comme partenaire pour un exercice de sport. Jules a préféré choisir un copain à lui.
- Le Pourquoi ?
Par la suite, dans le cadre d’un dialogue respectant un temps de parole équitable des personnes, le médiateur va pouvoir interroger un peu plus en profondeur les émotions et les représentations de chacun. Il s’agit de dénouer chaque détail afin que la relation puisse être apaisée.
Sarah dit qu’elle s’est sentie triste, et qu’elle a eu l’impression d’être rejetée. Elle considère Jules comme son meilleur ami, mais elle a l’impression qu’il change de comportement depuis l’entrée au collège. Le médiateur souligne auprès de Jules le besoin pour Sarah d’être rassurée sur la persistance de leur amitié.
Jules explique qu’il comprend ce que vit Sarah, mais la rassure en lui disant qu’il est toujours son meilleur ami. Il précise que d’un autre côté, il a envie de s’intégrer à un groupe de garçons avec qui il a aussi des affinités et que c’est pour ça qu’il a choisi un autre copain lors de l’exercice de sport. Le médiateur souligne le besoin d’ouverture vers d’autres camarades notamment des garçons pour Jules auprès de Sarah.
- Le Comment ?
Enfin, le médiateur va accompagner les personnes pour qu’elles trouvent elles-mêmes leurs propres solutions. Ce sera la phase de l’exploration du champ des possibles.
Jules propose de réserver des temps spéciaux où ils pourront passer des moments ensemble, Sarah propose d’aller un peu plus de son côté nouer des amitiés avec d’autres camarades.
- L’accord
Si un accord a été trouvé, les personnes s’engageront à le respecter à l’avenir.
Jules et Sarah se mettent d’accord oralement pour que les récréations de la pause du déjeuner sur le temps du midi reste un moment qu’ils passeront ensemble, et que les activités dans les temps de classe comme le sport seront des moments où ils privilégieront d’autres liens amicaux.
Les chiffrent parlent d’eux-mêmes : plus de 8 disputes sur 10 sont réglées en médiation. Au-delà de la pacification des relations, ce procédé permet aux élèves médiateurs de gagner en confiance et en responsabilité.
Les établissements qui mettent en place un projet de médiation par les pairs véhiculent aussi indirectement une formation à la citoyenneté auprès des élèves: le « savoir vivre ensemble ». En effet la médiation permet l’apprentissage de la gestion des émotions et d’une bonne communication : un enfant à qui on donne ses clés de compréhension deviendra un adulte citoyen doté d’une bonne capacité relationnelle.
Tous les rapports faits par les chercheurs sur le sujet confirment que la médiation en milieu scolaire permet trois type d’apports : un bénéfice préventif, un bénéfice sécuritaire et un bénéfice éducatif.
Le gouvernement a annoncé en 2019 sa volonté de développer la médiation en milieu scolaire. Aujourd’hui, plus de 172 médiateurs sociaux sont déjà intervenus dans 255 écoles primaires et collèges afin de former les volontaires.
Familles de France souhaite que la médiation par les pairs soit développée le plus possible au sein des établissements scolaires en France, afin de promouvoir la culture de la médiation et à travers elle la responsabilité sociale.
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